L’an 5 de la CNAMGS

Si l’initiative est de feu Omar Bongo, celui qui lui aura donné tout son sens et sa pleine mesure est Ali Bongo Ondimba. Dès 2009, celui-ci s’est employé à bâtir une réelle politique de solidarité nationale et la CNAMGS, qui vient de payer 4,83 milliards de francs CFA au titre des prestations familiales et des primes de rentrée scolaire du 1er semestre de l’année scolaire 2013-2014, est le principal moteur de cette politique. Ce jeudi 19 décembre 2013, cet organisme aura cinq ans d’âge.

Vue du siège social de la CNAMGS à Libreville. © panoramio.com

La Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) fait partie des éléments clés de la politique d’émergence prônée par le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, dès sa prise de fonction en octobre 2009, en vue de classer le Gabon sur la voie du développement d’ici à 2025. Un petit air d’histoire est sans doute nécessaire au moment où, ce jeudi 19 décembre, cet organisme de prestations sociales fête le 5e anniversaire de la remise des premières cartes CNAMGS.

© cnamgs

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Le projet gabonais d’assurance maladie obligatoire et universelle nait du fait que le risque maladie avait été identifié, parmi tant d’autres, comme celui qui préoccupait le plus les Gabonais; ce qui a nécessité la création d’un cadre pour la réforme du système de protection sociale initiée par le Gouvernement en 2002. C’est ainsi qu’en 2007, la CNAMGS sera créée par ordonnance du Président de la  République. Elle va connaître moult difficultés liées à la nouveauté de l’objet dans le pays, mais aussi et surtout au manque de moyens financiers et structurels et aux courants qui se battaient pour sa gestion. Mais, le simple fait de son existence en faisait déjà une expérience innovante et prometteuse pour le Gabon.

Cette expérience tient sa spécificité de la source des revenus de l’assurance maladie qui provient essentiellement d’un impôt spécial (téléphonie mobile et transfert des fonds) pour la prise en charge des économiquement faibles. L’autre innovation est celle du choix d’adhésion progressive pour tendre vers une couverture universelle. Le Gabon a ainsi pris l’option de commencer par les couches sociales les plus vulnérables (Gabonais économiquement faibles -GEF-) pour passer ensuite aux agents du secteur public et enfin, aux salariés du secteur privé et parapublic (y compris les travailleurs indépendants).

Si l’histoire retient que les premières cartes d’immatriculation ont été remises à des Gabonais économiquement faibles le 19 décembre 2008 par feu le président Omar Bongo Ondimba, concrétisant ainsi son rêve d’offrir aux Gabonais un régime obligatoire d’assurance maladie pour tous, il faut noter que la CNAMGS a pris son envol en 2010, quelques mois après l’arrivée du président Ali Bongo. La nouvelle direction conduite par le Pr Michel Mboussou va mettre de l’ordre dans cette maison qui avait du mal à accomplir la tâche pour laquelle elle avait été créée. Du coup le slogan de cette structure de protection social « la solidarité a un sens » a pris toute son perception.

La CNAMGS bénéficia de toutes les attentions d’Ali Bongo Ondimba qui ne ménage aucun effort pour préserver et capitaliser ce précieux héritage. Dès lors, il procéda à l’inauguration officielle du siège social de la CNAMGS le 25 juin 2010; revalorisa le montant des allocations familiales des GEF passant de 1000 francs CFA par enfant et par mois puis à 2500 et ensuite à 4000 francs CFA. De nombreuses mesures furent également prises notamment dans son discours à la nation du 16 août 2011 pour rendre plus visible l’action de la CNAMGS, et singulièrement une meilleure prise en charge des malades.

Indubitablement, la politique d’assurance maladie était effective dans l’environnement gabonais. Aujourd’hui, elle impacte directement dans la vie de nombreux citoyens. Cette structure est actuellement l’une des premières entités du pays, sinon, la première qui contribue de manière efficiente à lutter contre la pauvreté. Ceci d’autant que la prise en charge n’exclut aucune catégorie sociale. Les GEF, les fonctionnaires (actifs et retraités), les étudiants et, à partir de janvier 2014, les employés du secteur privé et parapublic ainsi que leurs ayants-droit bénéficient du panier de soins et de la prise en charge qu’elle offre. Toute chose qui induit inéluctablement une hausse du pouvoir d’achat des ménages qui n’ont plus à assumer l’entièreté de leurs soins, des médicaments et même des évacuations sanitaires.

«Lorsqu’on parlait de la CNAMGS, on se disait qu’il s’agissait d’une structure comme de nombreuses autres qui ont été créées au Gabon avant de disparaitre. Tout le monde était méfiant. Aujourd’hui, on sait qu’elle peut nous sauver et qu’elle a déjà sauvé de nombreuses vies. Ma grand-mère a été évacuée de Lébamba vers Bongolo, elle a été soignée, avec tous les médicaments à l’appui. Au final, on n’a presque rien payé parce qu’elle était une assurée de la CNAMGS», a témoigné une enseignante dans un établissement public primaire de Libreville qui ajoute que «les pouvoirs publics doivent tout faire pour préserver cette poule aux œufs d’or».

Selon des sources fiables de la CNAMGS, au moins 40 % des revenus des ménages étaient destinés aux soins de santé. Grâce à l’action globale de la CNAMGS, ce chiffre est passé à près de 10%. Car, au-delà de la prise en charge contre le risque maladie, les GEF bénéficient des prestations sociales telles que les allocations familiales, l’allocation de rentrée scolaire et la prime à la naissance octroyée sous forme de layettes.

Le régime obligatoire d’assurance maladie et de garantie sociale a donc été mis en place afin d’accompagner justement la population gabonaise dans ses dépenses de santé, mais également de soulager les plus fragiles en leur octroyant des prestations familiales. Dans ce contexte, lesdites prestations constituent la contribution de l’État aux charges inhérentes à l’entretien des enfants des GEF.

Pour ce semestre premier semestre 2013-2014, ce sont en effet, 176.202 enfants qui ont bénéficié des allocations familiales pour un montant de 4.228.848.000 francs CFA.  En ce qui concerne les allocations de rentrée scolaires, ce sont 121 941 enfants qui ont profité des 609.705.000 francs mis à leur disposition. Ce qui fait un total global de 4.838.553.000 francs CFA que l’Etat a décaissé lors de ce semestre pour apporter du réconfort à ces familles économiquement faibles.

Ce qu’on peut remarquer depuis le début de cette opération reste la régularité qu’affichent les responsables de la CNAMGS pour accomplir cette tâche qui leur a été confiée. Une donne qui est consécutive à la diligence avec laquelle le gouvernement prend ses responsabilités en mettant, à temps, les fonds à disposition. Et en comparant ces chiffres avec ceux de 2011 lors du début du paiement de ces allocations, l’on constate désormais que la tendance est à la baisse. Du Côté de la CNAMGS, cela est du au fait que les fichiers ont été croisés avec ceux de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et ceux de la Solde afin d’y expurger les doublons et les fraudeurs. Toute chose qui a d’ailleurs permis de passer du nombre de 180.088 enfants bénéficiaires des allocations familiales à 176.202 actuellement. De même que le montant à décaisser est passé de 4.935.171.150 francs CFA en 2011 à 4.838.553.000 francs CFA en 2013. Là aussi, ce sont des efforts d’assainissement du fichier qui sont faits afin de faire faire à l’Etat des Economie.

Si tout cela participe pleinement à donner un sens à la solidarité nationale, ce qui est parfois à déplorer est le cas de certains parents qui n’utilisent pas à bon escient ces fonds qui leur sont alloués pour le bien être de leurs progénitures. «Les allocations familiales sont souvent une aubaine pour certains parents qui n’ont pas toujours de moyens pour se faire plaisir. Dès qu’ils entrent en leur possession, c’est au débit de boissons qu’ils se retrouvent au détriment de leurs enfants. Il faut encore faire des sensibilisations à ce propos», a relevé un agent en service dans un centre de paiements de ces allocations. Dans ce cas, comme se défendent les agents de la CNAMGS, la faute ne revient pas à l’Etat ou encore à leur structure. «Chaque parent doit être responsable des responsabilités qui sont les siennes», a dit un agent.

Au-delà de tout, les responsables de la CNAMGS ont compris la nécessité de décongestionner le siège social à Libreville. Des délégations ont été ouvertes dans les 9 provinces du pays afin de permettre à leurs gestionnaires de régler les problèmes sur place le plus rapidement. Il s’agissait de réduire les pertes de temps qu’auraient occasionnés, par exemple, le règlement des factures des prestataires de santé partenaires ou les déplacements vers Libreville pour tel ou tel dossier. Aujourd’hui, les choses semblent se dérouler normalement et la population avertie commence à apprécier le travail réalisé.

«Même si on est de l’opposition ou de la majorité, on doit se rendre à l’évidence que la CNAMGS est la plus belle réussite de l’aide sociale dans notre pays. Lorsque vous êtes malade, vous n’avez pas besoin d’avoir de l’argent pour vous faire soigner, c’est la CNAMGS votre garantie. C’est de la réalité et on doit apprécier cela à sa juste valeur», a déclaré un chez d’entreprise, par ailleurs fonctionnaire d l’Etat gabonais.

Au demeurant, le Gabon est l’une des premiers pays en Afrique Subsaharienne à disposer d’un régime obligatoire d’assurance maladie universelle. Cet héritage, qui fait aujourd’hui  la fierté de tous les Gabonais, suscite l’admiration d’autres pays africains qui veulent s’inspirer de l’expérience gabonaise en matière d’assurance maladie sociale, à en juger par la demande faite au Gabon de faire une présentation de son système d’assurance maladie, lors de la 16ème session ordinaire du Conseil des Ministres de la Conférence Interafricaine de la Prévoyance Sociale (CIPRES) de février 2011 à Yaoundé et les nombreuses sollicitations de pays tels que la Thaïlande, le Bénin, le Burkina Faso, le Togo…reçues à Libreville à cet effet.

 

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